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Les Secrets du Jardin d'Ornicar
25 juillet 2014

BIRGIT

[cliquer sur les images pour les agrandir ; recliquer dessus pour revenir]

 

Birgit est la première femme qui m'a fait comprendre qu'il ne suffisait pas d'avoir de l'âge pour avoir de l'expérience. A à peine 18 ans, je m'étais déjà fait ridiculiser par une petite pisseuse, je venais de quitter une Esperanza laminée par cette séparation, j'avais déjà vu en douce 3 ou 4 Marc Dorcel à mon père et d'autres non décryptés sur Canal, lu quelques romans libertins, bref je pensais tout connaître de l'amour et du sexe. Alors que je ne savais rien. Cependant qu'il semblait que j'en savais cent fois plus que cette femme de 22 ans mon aînée, Birgit. Je ne l'en ai jamais blamée, loin s'en faut, jugée encore moins ; je comprenais juste que se marier avec le seul homme qui pouvait la sortir, à 16-18 ans, des affres d'une famille toxique, ne pouvait en rien lui apporter quoi que ce soit de constructif et éducationnel, le type étant lui-même d'une toxicicité pour le moins exceptionnelle. Alors voilà, le peu que je savais je le lui ai transmis, sans le vouloir ni le savoir, sans faire mon professeur ; elle m'a juste confié plus tard qu'elle s'est sentie femme pour la première fois de sa vie. Pour un jeune homme, de s'entendre confier cela, ça n'a pas de prix. Faut juste que ça creuse un chemin le plus humble possible, et ça c'est pas gagné...

De son côté, elle me faisait réaliser le fantasme de découvrir les secrets d'une femme qui a déjà vécu, toute peu expérimentée qu'elle était. Egalement l'expérience du berger allemand qui te renifle le cul pendant que tu baises, et ça, franchement, je m'en serais passé.

Truffe dans l'fion

  

Je l'ai rencontrée un soir de réunion parents-profs. Je dis "soir" car on était en hiver, et il faisait déjà noir ; mais on était en fin d'aprèm'. C'était la mère de Thierry, mon second meilleur copain du moment, un obèse à cheveux gras et avec une odeur très incommodante qui t'embaumait une pièce entière, mais qui apparemment partageait le même ennui que moi de l'adolescence et de l'école. Et il faisait aussi des dessins à tomber. On clamait haut et fort que c'était les Pink-Floyd qui avait raison : on n'était qu'une brique dans le mur ; prof, fais pas chier les gosses ! De nos bouches ça ne voulait absolument rien dire, mais le message de rebélion nous paraissait aussi limpide que la série "The Prisoner" dont Thierry était fan ; dans notre tête et à la récré on partageait tout ça et on se comprenait. Les autres ados nous regardaient de travers mais on s'en fichait, on était des rebèles, un peu anars, timides mais dangereux. Du coup, son odeur de clochard, je finissais par m'en accommoder à peu près.

Références entre copains

    

Sa mère était une brune aux cheveux courts, au visage un peu triste mais souriant, qui dégageait beaucoup de gentillesse et de sympathie.

Ce soir-là, en attendant que ma mère s'arrache les cheveux aux récits de mes profs insatisfaits, j'étais en train de dessiner quelques personnages sombres et peu engageants quand, d'un geste maladroit, je fis tomber de la table ma petite pile de feuilles. Je m'accroupissai pour la ramasser, tout en regardant discrètement autour de moi si personne ne m'avait vu. Personne ne semblait s'en être aperçu, excepté cette drôle de femme qui souriait de ma bévue. Je manquai de détourner le regard, mais finalement soutins le sien et lui rendis son sourire. Imaginez cet arrêt sur image image !

 Quelle heureuse maladresse

    

De cet épisode s'en est suivi une série de lettres dont son fils Thierry s'est fait l'innocent messager (Tu penses ! j'allais pas lui envoyer chez elle, y'avait le mari, eh !). Je lui ai écrit le premier et ai reçu avec surprise et jubilation une réponse. Puis les lettres ont été de plus en plus pléthoriques, de plus en plus denses, et de plus en plus focalisées sur l'autre et sur nous. Jusqu'au jour où nous avons décidé de nous rencontrer. Fatalement. Nous nous sommes embrassés la première fois dans sa voiture. Comme la dernière fois du reste, un mois plus tard. Nous avons d'ailleurs quasiment tout fait dans sa bagnole. Sauf le jour du berger allemand ; on n'aurait jamais tenu à 3 dans ces conditions dans sa petite citadine blanche 3 portes.

L'intimité de la buée sur les carreaux

    

Tout s'est toujours fait dans le dos de son fils Thierry qui se contentait de refiler innocemment à l'un les lettres de l'autre. Si innocemment que ça ? On ne saura jamais s'il a été le dupe que nous aurions égoïstement aimé qu'il soit. On n'aurait peut-être pas dû faire ça. Est-ce que ça l'a amusé à un moment ? mais jusqu'à quel point ? A-t-il fini par nous détester ? Est-ce pour cela que, dans le rayon d'une maison de disques, alors que nous nous étions perdus de vue depuis au moins 15 ans, il refusa de me reconnaître, tel un amnésique - qu'il jouait plutôt bien du reste - , alors que je tentais de lui décrire quelques souvenirs en commun ? Je sus qu'il fit à peu la même chose avec sa mère, ce qui est tout de même nettement plus grave. Avait-il eu l'impression de trahir son père ? A-t-il su pourtant un jour que celui-ci castagnait sa mère ? Je n'aurai jamais de réponses. Juste qu'après moi, Birgit aura connu, selon ses propres dires, une période de désaroi, mais suivie de quelques années de bonheur ; et ça c'est tant mieux.

[A SUIVRE...]

 Plusieurs étapes

   

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