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C'est drôle, mais si l'on doit m'interroger sur l'historique de mes partenaires sexuelles, eh bien c'est d'abord à Esperanza à qui je pense en premier. Esperanza ? C'est celle que j'appelle "ma dépuceleuse". C'est peut-être pour ça ; même si ça n'explique pas tout.

Pour être précis, on a en fait été chacun le dépuceleur de l'autre. A 17ans ; quel bel âge ! Et si l'on s'en réfère aux statistiques du premier rapport sexuel en France (sources Ined 2013*), eh bien on s'est tenus dans une moyenne tout ce qu'il y a de plus banale, encore qu'à l'époque "des faits", en comparaison, nous étions un souçon en avance.

Esperanza était une jeune fille bien élevée tout droit sortie d'un tableau d'Elisabeth Vigée Le Brun. On aurait pu la comparer à ces demoiselles du XVIIIème siècles fraîchement débarquées du couvent et prêtes à être mariées à de vieux notables édentés. Naïves et prêtes à tout pour plaire à qui lui consacrerait un soupçon d'attention et lui conterait quelque histoire de prince charmant.

Si ce n'est qu'en fait de notable vermoulu à l'haleine de vieille pomme, elle est tombé sur un ado qui venait de gagner un peu en assurance après une enfance de doute de soi et d'hésitations quant à ses démarches envers les filles. Et qui n'avait jamais digéré un échec humiliant et traumatisant avec l'une d'entre elles à ses 13 ans. Et tomber raide bleu d'un individu comme ça, c'est aussi bénin que de faire la sieste la tête posée sur le doux velour d'un tigre qui sort d'une anesthésie douloureuse.

Quand je rencontre Esperanza, c'est à la boum-anniversaire d'une copine commune, Kathie. Parmi les quelques petites célibataires que j'ai repérées, c'est la plus fofolle qui retient mon attention. Mais également la plus mignonne. Qui plus est, elle semble la plus proche de Kathie, donc a priori un peu plus simple à aborder. C'est la plus pompette aussi. Pourquoi se compliquer la vie ?

Stéphane, un copain d'Esperanza, fou de photo, s'est imposé photographe officiel de la soirée. Il canarde avec un Nikon F4 qui me fait brûler de jalousie. Rien que le bruit de l'entraînement automatique. Je crois que c'est celui de son père, j'ai moins les boules mais quand même, j'écume. Je profite d'une séance de portraits improvisée de Kathie et de ses copines sur le canapet pour m'incruster comme un parasite et m'assoir à côté d'Esperanza - avec qui j'ai déjà échangé quelques mots - et comme on est tous fort serrés, je lui passe le bras autour du cou. Elle tourne sa jolie tête étonnée vers moi et me dit d'une sévérité qui ne la convainc même pas elle-même : "Eh bien vas-y, ne te gène pas !" Moi de lui répondre, gentiment narquois : "Ca va, je n'y tenais pas." Je crois pompeusement que c'est cette assurance un tantinet ritale qui l'a séduite et qui m'a fait marquer les points décisifs. Quelques minutes plus tard, au cours du slow qui tue, nos langues s'engagent dans nos bouches réciproques pour un baiser qui ne sera pas forcément le plus mémorable de ma vie mais dont l'importance a peu d'égal.

Tu parles, c'était parti pour un an, et les conséquences étaient de taille : il s'agissait tout de même de ma virginité, mince alors !

[A SUIVRE...]

* Statistiques âge premier

rapport sexuel en France

par sexe et par génération

ESPERANZA

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